Lundi 14 septembre, une opération exceptionnelle d’héliportage de précision a eu lieu au Pont d’Enfer. Afin de consolider celui-ci, des matériaux y ont été portés : pompes pour assécher le site, sacs de sable… Cette première phase de travaux, débutée en juillet et qui se poursuit jusqu’en novembre, permettra de sécuriser l’ouvrage et de rouvrir le pont à la circulation.

 

 

 

Le site du Fort du Portalet est repositionné depuis 2017 dans un contexte territorial, touristique et culturel nouveau.

En effet, depuis le 1er janvier 2017, la Communauté de Communes du Haut-Béarn est propriétaire du Fort du Portalet (Monument historique classé depuis 2005), reprenant ainsi la succession de la Communauté de Communes de la Vallée d’Aspe détentrice de ce bien depuis le 7 septembre 1999. Ce sont donc désormais les élus des quatre territoires fusionnés (Aspe, Barétous, Josbaig et Piémont Oloronais) qui confirment leur attachement et leur volonté de sauvegarder et redonner vie à ce monument d’exception

dont l’histoire est inscrite dans la mémoire collective.

 

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Le Fort du Portalet

Construite sur ordre de Louis Philippe entre 1846 et 1860 sur les communes d’Etsaut et de Borce, cette impressionnante forteresse avait pour ambition de garder la frontière franco-espagnole. Perchée à plus de 100 mètres de hauteur, sur une falaise dominant le gave d’Aspe, elle fait face au chemin de la Mâture et était chargée de protéger la route du col du Somport.

Lors de la Seconde Guerre Mondiale, l’État français lui confère une nouvelle destination : prison d’État du gouvernement de Vichy.

Le classement du Fort du Portalet au titre des Monuments historiques en 2005 est déterminant pour l’avenir de ce site fortifié, le plus saisissant de la chaîne pyrénéenne.

Grâce aux aides financières de l’État, de la Région Nouvelle-Aquitaine et du Département des Pyrénées-Atlantiques, un ambitieux programme de travaux pour sauvegarder et mettre en sécurité l’édifice a été initié en 2004 : mise en sécurité de la route d’accès, reconstruction des murs de soutènement, réfection des toitures des bâtiments, des terrasses et des menuiseries, etc.

En parallèle de ces travaux de restauration, plusieurs études ont été menées, nécessaires à la définition et à la mise en œuvre d’un projet de valorisation touristique.

En ce sens, la poursuite de la réhabilitation engagée permettra au fort de confirmer et d’amplifier son rayonnement en tant que site touristique et culturel majeur du territoire, à l’échelle régionale et pyrénéenne.

 

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La restauration du site

S’ouvre aujourd’hui, une nouvelle phase de travaux de restauration concernant les galeries inférieures. Elles sont de facto le cœur du fort puisque c’est à partir de ces ouvrages que l’on pouvait « battre » la route venant d’Espagne et ainsi interdire l’accès de la vallée. De surcroît ces galeries, creusées à même la falaise, sont d’un grand intérêt esthétique.

Ces travaux bénéficient d’ores et déjà d’un engagement important marquant le soutien des pouvoirs publics et des collectivités territoriales : État, Région Nouvelle-Aquitaine et Département des Pyrénées-Atlantiques.

À noter que ce projet est complémentaire des travaux d’amélioration de la voie jacquaire passant par le Somport, réalisés sous maîtrise d’ouvrage du Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, puisque facilitateur et vecteur de sécurisation de l’accès piétonnier au Fort.

L’opportunité du projet de mise en tourisme du site en est ainsi renforcée aujourd’hui.

L’enjeu est de finaliser la restauration du Fort et de l’aménager en vue de sa valorisation touristique à plus grande échelle. En ce sens, le Fort du Portalet est positionné comme un produit d’appel phare caractéristique de la stratégie touristique du Haut Béarn dont les objectifs sont de :

  • Améliorer la rentabilité des points forts et thématiques qui font notre spécificité en révélant un patrimoine majeur.
  • Créer un site culturel attractif pour le Haut Béarn et le Béarn.
  • Positionner le territoire comme une destination internationale.

 

Ainsi, au-delà des travaux de restauration réalisés et ceux reprogrammés pour l’année 2021, plusieurs études vont être lancées, nécessaires à la définition et à la mise en œuvre d’un projet de valorisation touristique, répondant au positionnement suivant :

  • Proposer une offre de découverte du patrimoine et des milieux naturels du site, adaptée à plusieurs publics, et s’inscrivant dans une démarche de loisirs actifs, visites ludiques, offre découverte - détente, contenu éducatif.
  • Aménager le lieu comme un site d’excursions.
  • Révéler la capacité d’évocation du site : il est proposé de laisser le Fort dans un état proche de ce qu’il est actuellement, en s’assurant toutefois de sa sécurisation et de sa conservation ; sa vétusté et son état fantomatique font partie de son caractère.

 

La mise en valeur du Fort du Portalet s’inscrira dans le concept de visite suivant :

  • la terrasse comme point central de la visite et ses bâtiments pour l’accueil des visiteurs. Elle sera aménagée de manière conviviale, lieu de détente, de découverte visuelle de l’environnement et du bâtiment : chaises longues, lunettes de vue des sites de reproduction des vautours, chemin de la mâture ;
  • des visites guidées globales ou partielles, et une proposition de visite libre sur certains espaces, des panneaux d’interprétation et des stations de projection au cours de la visite ;
  • des soirées événementielles et animations.

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La consolidation de l’ouvrage dénommé « Pont d’Enfer »

Le Pont d’Enfer est aujourd’hui le seul point d’entrée de l’édifice via la RN 134. À l’avenir, y sera adossé une passerelle en encorbellement le long de la route nationale au départ du pont d’Urdos au niveau de l’intersection avec le parking dit du Baralet. Une autre passerelle au départ du lieu-dit « Passette » permettra un accès secondaire en surplomb des gorges du Sescoué jusqu’au premier lacet du fort.

Dans le cadre des travaux globaux préparatoires et nécessaires à la mise en tourisme du fort, la Communauté de Communes du Haut-Béarn a fait réaliser un diagnostic de portance de ce pont.

L’inspection réalisée par GETEC Sud-Ouest du 13 au 15 janvier 2020, a mis en évidence l’état précaire du pont : plusieurs fractures ont été constatées, notamment côté route / rive gauche, la plus large présentant une ouverture de près de 10 cm. De plus, des mouvements transversaux de la culée vers l’aval d’environ
5 cm et vers le lit du cours d’eau de près de 8 cm ont également été constatés. Les bandeaux et la douelle ne reposent plus aujourd’hui sur la culée.

Depuis le 12 mars 2020, trois capteurs de déplacements sont en place sur les plus larges fissures du pont, au niveau de la culée. Les fissures s’élargissent faiblement mais de manière régulière.

Il est important de préciser qu’une photo prise en décembre 2019 montre que ces désordres sont récents puisque n’apparaissant pas sur le cliché.

Dès lors, la stabilité globale de l’ouvrage n’étant plus assurée, le pont est fermé à la circulation de toute nature (routière et piétonne).

L’ensemble des contraintes ajouté à l’ampleur des dommages, au risque d’effondrement brutal du pont et à la technicité des travaux à réaliser pour le conforter, en font un chantier d’exception.

Des démarches obligatoires avant passage en phase travaux :

Malgré la visible urgence à conforter le pont, divers prérequis ou contraintes expliquent que les travaux n’ont pu être démarrés qu’en juillet :

  • Des investigations étaient nécessaires pour préciser l’ampleur des dommages causés au Pont d’Enfer et envisager les solutions de confortement du pont : expertise subaquatique (réalisée les 6 et 7 février dernier par le bureau d’études ROMOEUF) pour déterminer l’envergure des affouillements sous berges, diagnostic géotechnique (réalisé du 12 au 13 mars 2020 par le l’entreprise SAGE) pour déterminer la structure / solidité des berges ;
  • Site classé « Monument historique » : nécessitant l’avis de la Conservation régionale des monuments historiques (CRMH) avant toutes autorisations de travaux ;
  • Travaux s’inscrivant dans le cadre de l’application de la Loi sur l’Eau ;
  • Site classé au titre de l’Environnement : espèces protégées tel le Percnoptère ;
  • Contraintes hydrauliques et interface avec le gestionnaire des retenues d'Anglas et de Peilhou (centrale hydroélectrique EDF) ;
  • Simultanéité des travaux sur le site imposant une certaine coordination avec le Département (Travaux Passerelles) et Trafic RN134 ;
  • Réglementation des marchés publics.

 

Les travaux à réaliser :

L’équipe de maîtrise d’œuvre recrutée par la CCHB regroupe des spécialistes dans chaque domaine d’intervention :

  • ANTEA GROUP : bureau d’études en ingénierie, est en charge des prestations générales de maîtrise d’œuvre et de la coordination globale.
  • CABINET D’ARCHITECTURE STEPHANE THOUIN. En tant qu’Architecte en Chef des Monuments Historiques, Monsieur THOUIN apporte ses compétences pour intervenir sur un site classé Monument historique.
  • GEOCIAM assure l’établissement des dossiers réglementaires et le suivi de leur instruction.

Le plan de travaux très spécifiques et délicats prévoit deux phases distinctes.

Une première phase a démarré cet été. Réalisée par l’entreprise GAUTHIER, sous couvert du CSPS PYRÉNÉES COORDINATION, elle correspond aux opérations suivantes :

 

> Le confortement de la culée rive gauche (côté RN 134) comprenant :

  • La mise en sécurité de la culée par emmaillotage : mise en place de câbles d’acier autour de la culée, fixés de part et d’autre de celle-ci, par des ancrages horizontaux d’une dizaine de mètres de profondeur chacun. Ces câbles sont ensuite tendus. Le travail est réalisé sur corde.
  • Le traitement des sous cavages par bétonnage (les sous-cavages s’étendent jusqu’à 7 mètres de profondeur, en direction de la RN 134). Ce traitement nécessite d’abaisser au maximum le niveau de l’eau du gave, par la mise en place d’un batardeau, renforcé par l’installation de 3 pompes à eau haut débit (1800 m3/h). Tout l’équipement sera acheminé par héliportage. Cette opération exceptionnelle demande une grande précision.
  • Le confortement de la culée par cloutage incliné (croix de Saint-André).

 

> La fragmentation (pneumatique) d’un bloc rocheux en pied de pile côté fort, lequel entrave l’écoulement libre du gave et accélère le phénomène d’érosion des berges qui engendre le sous-cavage.

Durant toute cette phase 1, l’évolution du pont est contrôlée par un relevé topographique hebdomadaire, couplé aux capteurs permanents fixés sur la fissure et d’une alarme sonore et visuelle afin d’évacuer le personnel en cas de mouvement important. 

 

Cette phase, démarrée en juillet, se poursuivra jusqu’en novembre 2020. Elle permettra de sécuriser l’ouvrage et de pouvoir rouvrir le pont à la circulation.

 

La seconde phase, quant à elle, démarrera en mai 2021 et comprendra :

  • Le confortement de la culée rive droite (côté fort), et du pilier central ;
  • Le confortement de la berge côté fort ;
  • La réalisation d’aménagement permettant la pérennisation des travaux réalisés ;
  • La remise en état des équipements du pont (garde-corps, tablier, etc.).

 

Le montant de l’opération : 

Le coût global de ces deux phases est estimé à 1 300 000 euros TTC qui pourra être soutenu à hauteur de 78 % par les partenaires institutionnels (dossier en cours d’instruction).

La phase 1 seule correspond à un budget de 730 000 euros TTC comprenant les études préalables, la maîtrise d’œuvre et la réalisation des travaux.

 

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Renseignements

 

Pôle Technique et Environnement

Audrey Duclercq Bergeret

Tél. 06 15 01 01 21

Courriel : <link>audrey.bergeret@hautbearn.fr

 

Pôle Culture et Rayonnement du territoire

Isabelle Ruiz

Tél. 07 77 14 30 23

Courriel : <link>isabelle.ruiz@hautbearn.fr